« Je suis dans ce business (les études de marché) depuis tellement longtemps. J’y ai grandi avec les outils classiques, comme les échelles Likert, etc. Aujourd’hui, on doit aller plus loin que ces méthodes classiques. On doit aller au delà des interviews. On a besoin de méthodes qui permettent d’éviter le dialogue direct avec l’utilisateur final. On le sait que la parole est une «interférence» avec le client final. Elle peut être contre-productive. Par exemple, si tu demandes à un utilisateur : « Vous avez une voiture X. Pouvez-vous me dire quels ont été les différents éléments ou étapes qui vous ont poussé à acheter cette voiture ? ». Tu ne peux pas te rappeler de ce genre de détails – ou pire tu ouvres la porte à toutes sortes –rationalisations ou justifications à postériori .
C’est là que l’ethnographie joue un rôle important. L’ethnographie permet de développer des connaissances profondes sur l’utilisateur final. Si tu veux vraiment comprendre les fondements d’un comportement, tu dois aller voir, tu dois être là sur place, dans le quotidien des gens, pour regarder. Si tu veux faire de la « recherche moderne », tu ne peux pas passer à côté de l’ethnographie. C’est un art, un art précieux qui ouvre le chemin vers le réel (« It unlocks the path to the real »). On n’est plus dans l’artificiel. On est réellement dans comment les gens vivent leur vie. »
Dörte Töllner, co-fondatrice et directrice de Point-Blank International, Berlin, Allemagne